28/09/2010

Le cocotier (Éric Lafalaise, 2010)

La nuit survient sans crier gare.
Une brise, souple et fine, chatouille mon corps,
Balançant la mer dans tous les sens.
J’entends les zandolits filant dans la nature,
Les sauterelles, chantant à leur grande désinvolture,
Les vagues et leurs derniers soupirs sur la côte.
L’air marin colle à ma peau.
Ma gorge crie de sécheresse, mais la fatigue supplante vite cette envie.
Ma tête s’élève vers le ciel surchargé d’étoiles.
Elles frissonnent, m’appelant au vide infini.
Je peux presque les toucher, ma main étirée au loin,
Me hausser parmi les constellations
Chevaucher la baleine, nager au sein de l’Éridan
Apprendre à être un héros, un personnage mythique
Issu d’une grande lignée de rois marins ou de Bantu farouches
Digne de légendaires épopées et de chansons lyriques.
Mon épée, ma lance, à la main, je m’acharnerais contre tout ennemi
Menaçant la sécurité et l’avenir de ma famille, de ma patrie, Terrassant de coups d’une force surhumaine
Les attaques incessantes de l’armée adverse,
Léguant à mes enfants et les leurs un avenir prospère
Et la fierté d’une Nation.
Mon rêve s’estompe ; mes yeux tombent sur terre
Je regrette immédiatement mon élévation céleste, si haletante
Et je maudis l’implacable réalité de la réalité.
Ma gorge, toujours sèche, implorant délivrance,
J’escalade un des cocotiers, armé d’une machette rouillée
Délivrant l’un des fruits des bras de son géniteur.
Agrippant la coquille de mes deux mains,
Je m’empresse de l’ouvrir et de boire,
Me remémorant mon ascension, son jus désaltérant devenant Ambroisie chaude
J’espère, contre toute vraisemblance,  

Que la Providence saura exaucer mes chimères.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire